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[BG] Les Faiseurs de Chaos

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Pantaleimon

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Chouchou des Dieux
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 16 Avr 2013 - 15:54


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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Chapit13


    Partie 1 : La Chasse


Le gamin ouvre la trappe dissimulée sous la malle où il range ses vêtements. Il est toujours là, le masque cornu, arborant ce sourire qui monte jusqu’aux tempes, ces dents peintes sur le bois laqué. Ça recommence, sa main est attirée de manière irrésistible, il veut l’attraper. Son bras tremble, il l’agrippe aussitôt avec son autre main pour le ramener vers lui puis referme la trappe. Il avait promit aux villageois de s’en défaire… et il avait bien essayé !

Le soir même où il avait tué ce mulou, il s’était dirigé vers le plus grand brasier du village, la fournaise qui brûlait à l’entrée du grand portique rouge foncés. Il était bien décidé et rien n’aurait du l’empêcher de le jeter dans le feu ce soir là. Pourtant, quand il posa son regard un dernier instant sur le masque avant de le projeter, il entendit à nouveau le murmure qu’il avait perçu la première fois qu’il l’avait touché. Instantanément, il repensa à ses rêves d’héroïsme et il ne put s’empêcher d’arriver à la conclusion que si aucun des douze dieux ne voudraient de lui, il ne lui restait plus qu’à trouver des forces extérieures. Le masque pourrait lui donner la puissance dont il avait besoin pour atteindre le panthéon des héros et entrer dans la légende, le défunt mulou en avant témoigné malgré lui.

Alors, heureux de voir enfin pointer son rêve à l’horizon, la première fois qu’il lui semblait quasi atteignable, il s’éloigna du flambeau pour retourner dans sa chambre. Sur le chemin il repensa à la parole qu’il n’avait pas tenu, il ne voulait pas décevoir le village, sa mère… et si jamais ils découvraient qu’il avait conservé le masque, il était certain qu’ils ne perdraient pas un instant pour le lui arracher et s’en débarrasser aussitôt. Aucun doute, il devrait le cacher en lieu sûr. Les cachettes d’un enfant sont souvent les mêmes, et il ne trouva rien de mieux que de l’enfouir dans un coin de sa chambre.
     

Quand il recommence à ne plus croire en ses rêves, il le contemple, à chaque fois son corps envahit par un sentiment d’exaltation et de terreur mêlé. Cette peur qui se bat sans cesse avec son excitation l’empêche de reporter le masque, mais pour combien de temps encore ? Il a beau s’être convaincu qu’il avait devant lui l’outil pour réaliser ses désirs, il repense toujours à cette nuit où il perdit le contrôle de son corps, devenu la simple marionnette du masque — ou de la force qu’il renferme.

Avoir accès à une telle puissance sans pour autant être certain de pouvoir en rester le maître est effrayant. Il le sait, cette nuit où il tua ce monstre, il n’avait pas le moindre souvenir de ses actes et il eut bien du mal à reconnaitre que c’était son oeuvre. Il ne veut pas se mentir, s’il n’était plus lui même sous l’influence du masque il aurait très bien pu faire du mal à son entourage sans même le savoir. Cette idée lui est insoutenable et reste le seul frein véritable face à son envie de porter le masque pour gouter à nouveau à son incroyable puissance.

Cette lucidité fut suffisante pour quelques années mais quand il approcha du jour de son seizième anniversaire, d’autres motivations vinrent mettre à mal la résistance contre son envie dangereuse, celles-ci valant sans nul doute plus le risque qu’aucunes autres. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’on lui ramènerait bien plus tard, les souvenirs de cette nuit là.
,

Il est encore dans le jardin martial à s’entrainer avec les combattants du village. Cette grande cour entoure la tente centrale des rassemblements et où devait se tenir chaque jour pendant plusieurs heures le porte-parole actuel. Bien qu’il n’y avait pas de chef à proprement parlé, une figure d’autorité était désigné à tour de rôle parmi les membres les plus sages du village, vers laquelle on se remettait pour établir les grandes décisions ou trancher quand cela été nécessaire.

Même si on pensait qu’il n’y avait pas lieu à dresser une défense autour de ce lieu de siège, et que l’on ne désignait aucun soldat pour en assurer la protection, le jardin martial qui l’entourait faisait office de camp d’entrainement pour les villageois et d’une certaine façon, barricader la zone. Pan y passait le plus clair de son temps, enfant quand il avait entreprit son premier entrainement, il s’était dit que s’il devenait assez fort il n’aurait besoin d’aucun dieu et d’aucun masque pour atteindre ses objectifs. Aujourd’hui il le perdure par simple plaisir d’endurance.

- Tu ferais mieux de te baisser si tu veux éviter ce coup là !

Kiora s’élance vers lui en contractant son bras droit, prête à lui asséner un crochet en direction de son cou.  Son amie d’enfance était devenue sa partenaire d’entrainement dès le premier jour, elle aimait autant que lui se battre, si ce n’était plus.

- Ah ! Tu ne m’auras pas cette fois !

Il a repéré la raideur dans sa jambe gauche, elle s’apprête à lui donner un coup de pied dans les chevilles au moment où il monterait sa garde pour le faire chanceler et prendre l’avantage, le crochet du droit n’est qu’un leurre. Il saute pour éviter sa jambe qui part à toute vitesse comme un coup de faucille fauchant le blé.

- Je t’ai eu !

Elle savait qu’il verrait clair dans son jeu, alors qu’il vient de sauter elle attrape ses mollets avec ses deux mains pour le faire tomber en arrière.

- Non !

Il frappe le sol du poing.

- Une revanche !

- Tu sais bien que tu perds à chaque fois.

Elle croise ses bras derrière sa tête et commence à s’éloigner en lui tournant le dos. Il veut profiter de l’occasion pour se jeter sur elle, la faire tomber en l’attrapant par la taille mais il est interrompu par le son de la sirène.

Comme tous les villageois, il reconnait aussitôt le code de l’alarme, des mouvements inhabituels dans les bois qui laissent présager l’attaque imminente de monstres. Il échange un regard rapide avec Kiora, ils acquiescent puis se précipitent ensemble vers l’entrée du village. Les hommes et les femmes les plus intrépides avaient déjà commencé à former une petite foule devant le portique en bois rouge.

« Quoi que ce soit on va lui faire la peau ! », « Tu l’as dis Gerald ! Je sens qu’on va avoir droit à de super grillades ce soir ! » Le bruit du fer qui se libère de son fourreau résonne déjà. Tout le monde est prêt à lever les armes contre la menace approchante.

- Tu crois que cette fois on aura le temps de voir quelque chose ?

Ils essaient de se faufiler dans l’amas guerrier qui s’était rassemblé aussi vite que la sirène avait terminé de sonner.

- J’espère bien ! Je vais même essayer de me faufiler pour asséner quelques coups.

- Tu rêves Kiora !

- On parie ? si j’y arrive tu obéis à tous mes ordres pendant une semaine.

- Parie tenu, j’ai toujours rêvé d’avoir un larbin à mes services !

Après quelques coups de coudes et de hanches ils arrivent enfin aux premières loges pour voir le spectacle. Les bois silencieux et immobiles.

- C’est une blague ? Il ne se passe rien.

- Toujours aussi impatiente ma chérie hein !

Le père de Kiora est là aussi, un iop dont les balafres sont si nombreuses qu’on s’étonnait à trouver des pans de sa peau épargnée de toutes cicatrices, il lui ébouriffe les cheveux.

- Les sentinelles ont constaté des mouvements inhabituels plus loin dans la forêt, mais ils se dirigent vers notre direction. Peu importe ce que c’est, ce sera bientôt là.

Au bout de quelques minutes le bruit des branches et des feuilles froissées, arrachées se fait de plus en plus fort, de plus en plus rapide, de plus en plus proche.

- Tiens toi prêt Pan !

Elle lui fait un coup de coude. Le brouhaha des villageois se tait aussitôt quand les buissons dégueulent la source du mystère.  Trois cadavres de mulous sont projetés violemment contre le portique. Les villageois reculent de stupeur, surpris de se retrouver face à des bêtes déjà mortes.

- Mais qu’est ce que…

Un Cra vêtu d’un uniforme blanc finit à son tour par sortir des buissons, il regarde derrière lui en criant.

- Les gars, je les ai eus ! … mmh Bonjour…

Il range son arc dans son dos avant de se pencher pour saluer. Aussitôt trois autres personnes habillées des même vêtements le rejoint. L’un d’eux se détachent du groupe pour s’avancer vers le portique.

- C’est pas vrai ! Me dites-pas que c’est Robi qui a finit par le trouver !

Les buissons bougent une nouvelle fois pour faire apparaître un dernier individu, une femme aux longs cheveux d’or. Elle porte ce fameux uniforme blanc, mais le rouge écarlate de la doublure de sa cape, des  coutures et de l’emblème dessiné au centre de sa poitrine dévoile sans nul doute sa position de chef au sein du groupe.

- Il suffit d’arrêter de chercher pour tomber sur l’introuvable.

Le père de Kiora se dégage de la foule pour s’avancer vers les étrangers.

- C’est quoi ces conneries, qu’est ce que vous foutez ici ? Qui êtes vous ?

Il fait tourner son épée entre ses mains.

- Thalia Gavony, légat de l’Ordre des Gardiens de Shushu, et voici mon escouade.

Elle marche vers le iop, pose son index sur la pointe de sa lame pour l’abaisser.

- Nous ne sommes pas venus pour déclencher des effusions de sang.

Ses acolytes se plantent aussitôt à ses côtés, la posture adamantine et le regard plein de fureur.

- Restez sur vos gardes capitaine, ils ont l’air plus farouches que des bêtes sauvages.

Le iop crache immédiatement au visage de l’impoli. Ses tempes se contractent, on peut sentir ses muscles se tendre pourtant il reste impassible, les yeux posés sur Thalia. Elle pose sa main sur son épaule.

- Rassure-toi Tankred.

Seule frontière entre les villageois et les cinq étrangers, le portique de bois pourpre arbore la couleur du sang qui semblait prêt à se verser à tout moment.

- Vous n’avez répondu qu’à la deuxième question.

Elle soupire.

- Cela fait plus de dix ans que l’Ordre est à la recherche d’une personne. Un informateur a donné des renseignements concernant un village dans cette forêt il y a six ans, mais les éclaireurs qui ont été envoyé à l’époque n’avaient rien trouvé… rien d’autre que la tanière d’une meute de mulou.

Le légat tend les bras vers le ciel en regardant la boiserie qui forme le portail du village, semblable à l’entrée des sanctuaires pandawa.

- Et voilà que nous venons à sa rencontre par hasard. L’Ordre sera ravi d’apprendre une telle nouvelle. N’est-ce pas Robi ?

Elle lance un clin d’oeil à l’adresse du cra qui les avait amenés ici. Il acquiesce.

- Qui est ce que vous cherchez au juste ?

Ses bras se rabaissent, elle s’approche davantage du iop. Sa voix susurrant les mots avec exaltation.

- Anémone Sylveronce, vit-elle bien dans ce village ?



    Partie 2 : Pilori



Non… qu’est-ce qu’ils lui veulent… pourquoi l’Ordre est à la recherche de ma mère depuis toutes ces années ? Sa respiration se saccade, le père de Kiora n’a toujours pas répondu à la femme en blanc. Il faut que je la prévienne, tout de suite. Il se retourne en bousculant son amie puis court à travers la foule. Il ne prend pas le temps de s’excuser, ignore les coups qu’il se prend au visage, dans les côtes.  

- Pan ! Attend, je suis sûre qu’ils ne lui veulent aucun mal !

Un sourire se dessine sur les lèvres de la capitaine.

- Bien, je vois.

Le père de Kiora reste silencieux, le corps rigide. Un rempart bloquant l’accès au village. Pan court toujours, les habitations défilent dans son champ de vision, il arrive enfin chez lui. Il ouvre la porte avec fracas et la referme aussitôt derrière lui. Il fait appel à toutes ses forces pour déplacer le meuble le plus lourd de la pièce et le positionner contre la porte.  

- Maman ! On doit partir, maintenant !

Elle descend les escaliers.

- Qu’est ce que tu racontes ? Qu’est ce qu’il se passe ?

- Des gens sont venus pour toi, il te cherche depuis plus de dix ans ! Ils disent qu’ils appartiennent à l’Ordre… l’Ordre des Gardiens de Shushu.

La sadida porte ses mains à sa gorge, pleine de stupeur.

- Ils cherchent  ton père… ils veulent mettre la main sur le shushu qui nous a manipulé. Ils pensent peut être que je l’ai en ma possession… ou alors…

Elle s’assoit sur un fauteuil qui donne sur l’entrée.

- Laisse les venir, je suis prête à les recevoir.

- Mais… on ne sait pas ce qu’ils veulent… s’ils te font du mal ?

- Ce sont des chevaliers, avec un code d’honneur, ils ne me feront rien.

Résigné, il retire le meuble qui bloque la porte et monte dans sa chambre. Il entend déjà la porte s’ouvrir, le bruit des pas qui font sonner le plancher. Il se précipite sur la trappe qui renferme son secret. Le masque le regarde toujours avec ce terrible sourire. Arrachez lui ne serait-ce qu’un cheveu et je vous jure que vous ne quitterez pas ce village en un seul morceau. Il se pose contre la porte pour tenter d’entendre la conversation.

- … l’Ordre sait que vous étiez en relation avec l’hôte du shushu que nous recherchons.

Ce n’est pas ma mère qu’ils recherchent… ils veulent juste qu’elle leur dise ce qu’elle sait sur mon père, sur le shushu qu’il gardait emprisonné. Tous ses secrets… ces évènements qu’elle avait caché au village. La moitié de ce que je sais je ne l’ai même pas appris par elle. Son regard se porte instinctivement sur les livres qu’il avait ramené avec lui le jour où il avait découvert le masque. Parmi eux, le plus gros grimoire qu’il lui avait été donné de voir, celui qui lui avait demandé tant de mal à transporter quand il était enfant, avait été source de grandes surprises…

Toutes les pages étaient vides, vierges de toute écriture. Alors il finit lui même par tatouer le vélin, sortant sa plume et l’encre noir. Plus étrange encore l’encre se fit absorber aussitôt qu’il avait finit d’écrire. Stupéfait devant le livre avaleur d’encre, il eut un hoquet de surprise quand le texte revint sur la page, mais il était différent de ce qu’il avait écrit.

Bienvenue à toi, jeune et nouveau lecteur. Tant que ce livre est entre tes mains, toutes les connaissances du monde des Douze sont à ta portée.


Sans aucun doute, il se dit que ce grimoire est enchanté, se nourrissant de l’encre que l’on y dépose pour s’exprimer lui même. L’oeuvre et l’écrivain devenant une seule et même entité. Grâce à celui-ci, il apprit bon nombre des secrets de l’Histoire du monde mais aussi sur ses propres origines.

Ils parlent trop bas et Pan a du mal à percevoir la totalité de la conversation. Il sort de sa chambre silencieusement pour se dissimuler en haut des escaliers.

- Je comprends bien que ce soit difficile à accepter, mais la sûreté du monde en dépend.

Elle ferme les yeux.

- Je ne reviendrai pas sur ma décision, l’Ordre devra se débrouiller sans moi. Je ne vous aiderai pas à trouver le corps d’Ascètyl.

Thalia soupire, elle se tourne vers son escouade la main sur la poignée de porte.

- Vous n’avez pas le choix très chère… emmenez là sur la place du village. Je veux qu’ils soient tous là.

Elle n’oppose aucune résistance évitant ainsi toute violence inutile. Pan déboule dans les escaliers mais ils ont déjà quitté la maison. Le type que la capitaine avait appelé Tankred était posté devant la porte.

- Laissez-moi passer !

- Bien sûr gamin, laisse leur juste le temps de conduire ta mère à la grande place, je ne voudrai pas que tu leur mettes des bâtons dans les roues, ils pourraient réagir de façon excessive et on ne veut pas de blessé tu comprends hein ?

Il serre les dents.

- Qu’est-ce que vous allez lui faire ?

- Rien de bien méchant voyons, juste de quoi la convaincre de nous aider.

Pan lui jette un regard noir avant de courir vers le fond de la pièce, il se jette à travers la fenêtre.

- Et merde…

Au milieu des éclats de verre, il se redresse, observe ses blessures. Ses bras sont tailladés mais le reste de son corps semble intacte. Il se met à courir mais trébuche par la douleur qui le foudroie. Un des éclats s’est fiché dans son talon et il vient de l’enfoncer plus profondément encore. Il serre les dents pour l’enlever au plus vite mais ne peut s’empêcher de crier quand les côtés aiguisés du morceau de verre tranchent à nouveau la chair au moment où il le retire. Courant de toutes ses forces, il espère rejoindre la place avant eux. Malheureusement ils sont déjà là.

Le cra tient les mains de sa mère pour l’empêcher de bouger bien qu’elle ne semblait vouloir s’échapper à aucun instant. L’étrangère se trouve plus en avant, la sadida bien au centre de la place, une bonne partie du village s’est déjà rassemblé tout autour. Lorsque Pan arrive enfin, son discours a déjà commencé depuis un moment.

- Cette femme que vous avez accueillie, que vous avez soigné, que vous avez intégré dans vos familles, garde en elle les plus dangereux secrets !

Des murmures se propagent déjà dans la foule. Le père de Kiora bouscule quelques villageois pour ouvrir un passage.

- Peu importe ! Nous nous sommes tous installés ici en faisant table rase du passé. Nous avons tous nos secrets ici. Personne ne devrait lui en tenir rigueur.

Il se tourne vers les villageois qui semblaient déjà prêt à la bannir. La capitaine ignore les paroles du iop et poursuit son discours comme si elle n’avait pas été interrompu.

- Des secrets qui pourraient provoquer bien pire que le Chaos d’Ogrest. L’Ordre s’est donné la mission d’empêcher une telle apocalypse, mais nous avons besoin de sa coopération pour cela. Sans elle nous ne pourrons pas empêcher un terrible malheur d’arriver.  

Elle tourne le dos au village pour se rapprocher d’Anémone.

- Pourtant, elle préfère protéger le monstre porteur de la calamité plutôt que d’assurer la survie du monde des Douze et de ses habitants.

La sadida est silencieuse, le regard porté vers l’horizon. « C’est une plaisanterie ?! »,  « Ann, qu’est ce qu’elle raconte ? », « C’est quoi cette histoire de monstre ? Pourquoi tu voudrais le protéger ? » Elle soupire. Tous les efforts qu’elle emploie pour vider son esprit, ne pas entendre les interrogations des villageois, transpirent autour d’elle comme une aura. « Vous ne voyez pas ? elle en a rien à faire ! », Elle préfère se taire elle se moque bien que nos vies soient en danger par sa faute !. Des villageois s’avancent vers les envoyés de l’Ordre. Ils veulent parler à la capitaine. « Forcez-là ! Torturez-là ! Faites quelque chose bon sang ! »,  « Oui ! Pourquoi vous attendez son consentement ?! » Thalia sourit, elle sait qu’elle va bientôt capituler. 

Pan se faufile dans la foule pour rejoindre la place au plus vite, mais la cohue le ralentit. Dans sa lutte il voit des villageois ramassés de la terre, des cailloux. Ils commencent à lapider sa mère. Il met plus de force dans ses coups, n’hésite plus à blesser quiconque se dressant sur son chemin. Il monte sur la place, se lève face à sa mère pour recevoir les chocs à sa place.

- Arrêtez !!

Le silence revient, la capitaine se retourne avec surprise.

- Je peux vous aider ! Laissez ma mère tranquille… je ferai ce que vous voulez, je vous montrerai où il se trouve…

Anémone commence à se débattre, elle veut sortir de l’emprise du cra mais plus elle bouge plus il resserre sa poigne.

- Non ! Il ne sait rien, il ment pour me défendre.

Il enlace sa mère.

- Je suis désolé maman, je ne peux pas leur laisser te faire ça.

- Ne les amène pas à ton père je t’en prie ! Ils le tueront ! … ou pire encore…

- Maman… il est déjà mort… combien d’années son corps s’est retrouvé enfermé dans cette prison que tu as façonné ?

- Tu ne comprends pas ! Tu—

L’étrangère lève le bras, le dos de la main face à la sadida.

- Ramenez-la chez elle.

Ses camarades s’exécutent, cette fois elle se débat. Elle ne veut pas laisser son fils avec elle, elle ne veut pas qu’il les mène à la prison d’Ascètyl, elle ne veut pas qu’il se risque à rencontrer l’horrible shushu… son regard se tourne vers le père de Kiora, les yeux pleins de pitié.

- Je t’en prie, empêche le !

Le iop détourne son regard.

- Je suis désolé Ann… si la sécurité du village en dépend, je ne peux pas y faire obstacle.


[ .            .            . ]


Les lueurs dorées du ciel crépusculaire déposent un drap d’ombre sur le village. La fraicheur transportée par le vent commence à faire frissonner les derniers gamins qui jouent encore dehors. Pan vient de subir un long interrogatoire, l’étrangère devait s’assurer qu’il ne mentait pas, qu’il ne s’était pas joué d’elle pour sortir sa mère de la fureur des villageois.

Quand elle sembla satisfaite, elle lui dit que ses connaissances ne suffiront pas, il faut qu’il sache se battre pour ne pas qu’il ralentisse le groupe ou le mette en danger. L’arrogance de la jeunesse afficha la prétention de sa haute estime, racontant ses prouesses et la fréquence martiale de ses entrainements. Aucunement impressionnée, elle ne fit rien d’autre que de se mettre en position de combat, l’invitant à lui montrer ce qu’il savait faire. Évidemment il ne pu faire un seul geste qu’elle l’avait déjà projeté au seul. Alors il lui avait demandé de l’attendre à l’entrée du village, qu’il partait prendre ses affaires et lui montrerait de quoi la convaincre, ils pourraient alors partir pour leur quête.

Ils sont tous là, les cinq étrangers, à l’attendre sous le portique écarlate. Le crépuscule donne un aspect presque luminescent au bois laqué qui brille de mille feux sous les rayons d’or du soleil couchant. Pan arrive à leur niveau, il ouvre sa sacoche. Contre le grimoire enchanté, le masque cornu lui jette ce sourire qui hantait ses nuits depuis la première fois qu’il l’avait vu. Il lutte pour ne pas trembler, empoigne l’arme rouge et le montre à l’étrangère.

- Un masque zobal…  je vois, tu ne seras peut être pas inutile finalement.

Elle glisse sa main droite dans l’une des poches intérieures de son uniforme. Entre son index et son pouce elle sort un étrange emblème métallique. Elle le monte au niveau du soleil, déjà coupé à moitié par la ligne de l’horizon, le faisant briller d’une lueur étincelante. La capitaine s’approche du garçon, elle tire un pan de sa veste proche du col, fixe le sceau sur le tissu.

- À présent, tu es légat de l’Ordre des Gardiens de Shushu. Arbore fièrement son symbole, porte la foi inébranlable des Douze et jure de combattre avec bravoure les ignominies de Rushu et de ses démons.

Le garçon s’incline. Ses nouveaux camarades s’approchent pour lui offrir l’uniforme blanc qu’ils portent tous. Thalia, dorénavant sa commandante, se retourne et proclame à l’adresse de l’horizon un puissant : nous partons. Alors qu’ils entament leur quête, Kiora se détache du village en courant.

- Attendez ! Je viens avec vous !




Dernière édition par Pantaleimon le Ven 24 Avr 2015 - 16:18, édité 23 fois
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Kiora était parvenue à convaincre la capitaine de la laisser joindre le groupe. Il lui avait suffit de raconter que sans elle Pan ne ferait que leur mettre des batons dans les roues, combien il était peu habile, et sa capacité incroyable de mettre à mal le moindre plan pour que Thalia accepte la volonté de la gamine, évidemment elle avait également remarqué que la fille était plutôt talentueuse et si elle se contentait à rester en arrière pour s’assurer que le fils d’Anémone ne ralentisse pas le groupe et ne se mette bêtement en danger, son intrusion pourrait se montrer bénéfique.

Quand ils quittèrent la forêt, Pan s’étonna de constater que leur destination n’était pas celle qu’il croyait. Un bateau les attendait là, un immense voilier dont la poupe jurait avec le reste du vaisseau. Une machinerie de cuivre et de plomb était fixée à la coque, c’était une immense hélice en métal qui semblait être alimentée par des réservoirs de stasis. Thalia lui annonça que le navire appartenait à la flotte de l’Ordre, l’un des plus vieux bateaux de ses forces navales. Il avait été récemment modifié après la diffusion de la technomagie steamer, ce qui lui donnait cette apparence composite.

Le moment de trahir les volontés de sa mère ne viendrait pas aussi vite qu’il le pensait. La capitaine était catégorique, il devait se présenter auprès de l’Ordre et s’entrainer avant de se lancer dans leur quête.


- Nous ne savons pas ce qui nous attend, tu es loin d’être prêt à affronter le pire.

Ses paroles étaient cinglantes, mais après tout, était-il vraiment pressé de se retrouver face à son père et aux menaces qu’il renfermait ? Le temps qu’elle lui ferait perdre serait autant de répit offert avant l’inéluctable rencontre. Malgré tout, le voyage en bateau fut incroyablement rapide. S’ils pouvaient apprécier cette étonnante vélocité, il était incontestable que celle-ci provenait de la manufacture steamer qui avait modifié le vaisseau ancestral.

L’arrivée dans les quartiers de l’Ordre ne se passa pas comme il l’aurait cru. Il fut aussitôt  conduit dans une salle qui ressemblait étrangement à une cour martiale. Un nombre important de gens était déjà présent, il semblait être le seul à ne pas imaginer un seul instant ce qui l’attendait. Le seul à ne pas être au courant de l’histoire. Des gardes arrivèrent dans son dos pour lui attraper les bras, les attachant à un pilier qui se trouvait face à la tribune, au milieu de tous. Les gardes s’éloignèrent, et il se retrouva seul ne comprenant rien de ce qu’il se passait.

Pendant un long moment, un silence pesant envahissait la salle. Des dizaine de regards perçant son âme, essayant de le jauger, de déceler le moindre détail intérieur. Il voulait hurler son incompréhension, qu’on lui dise ce qu’il faisait ici, pourquoi il était attaché… mais l’inquiétude le paralysait. Thalia finit par apparaître, elle se mit à sa droite. D’un geste sûr, maîtrisé, rapide; elle fait le salue de l’Ordre des gardiens de shushu.

Alors qu’elle commence ce qui semblait être une plaidoirie, Pan comprend enfin pourquoi elle voulait le présenter aux têtes pensantes de l’Ordre avant d’entamer leur mission. Elle avait besoin de leur permission pour qu’il fasse véritablement parti de son escouade. Aussi l’Ordre était conscient qu’il était le fruit de l’homme qu’ils recherchaient désespérément depuis une dizaine d’années, l’homme qui pourrait apporter un chaos plus terrible encore que celui provoqué par Ogrest. La plupart des personnes présentes hurlaient pour qu’il se fasse enfermé, la graine est plantée et le fruit ne sera rien d’autre que corrompu. « Le vice grandira aussi en lui, qui dit qu’il ne finira pas par devenir une menace pire encore que celle de son père ?! »

Les talents oratoires de Thalia parvint tout de même à les convaincre qu’il était leur seul espoir pour trouver l’éniripsa et l’empêcher de nuire avant même qu’il en ait l’occasion. La femme sadida ne voulant absolument pas coopérer, le garçon était le seul qui pourrait les guider.

La sentence fut prononcée et l’Ordre officialisa le titre de Pan en tant que légat. Aussi émirent-ils la condition absolue qu’il devrait être sous la surveillance continuelle de sa supérieure et que celle-ci serait tenue responsable des manquements de la nouvelle recrue.  Le procès terminé, l’entrainement débuta. Il ne s’était jamais entrainé de la sorte et il comprit pourquoi Thalia avait rit quand il lui avait expliqué sa routine de préparation physique. Tout l’entrainement se basait sur l’intensité et l’endurance. Thalia cherchait à le pousser à bout. Après tout, en situation réelle il n’aurait pas l’occasion de faire une pause pour reprendre son souffle lui criait-elle quand il s’arrêtait le souffle coupé.

Ce n’était pas le plus dur. Au bout de quelques jours, elle exigea de lui qu’il porte son masque. Chaque fois qu’il revêtait le visage cornu avant de commencer l’entrainement, la peur s’insinuait dans ses veines et faisait trembler son corps. Étrangement, depuis qu’il avait quitté le village il ne perdait plus conscience en le portant. Et puis il ne l’entendait plus, il finit par se dire que c’était lui qui avait inventé ces voix qu’il avait cru entendre. Plus il l’utilisait plus son inquiétude se dissipait et rapidement cela devint comme un simple réflexe. Thalia n’avait plus besoin de lui dire de le porter.


Ce jour là est le dernier entrainement avant de démarrer enfin la mission pour laquelle il avait été enrôlé. À force de l’observer, Thalia avait remarqué son affinité particulière avec la brise quadramentale. Si cela se faisait plus naturellement chez les disciples des douze, les choses sont plus complexes pour ceux qui n’ont pas été choisi par les dieux. Il était même très rares qu’un douzien dépourvu de culte puisse maîtriser les forces élémentaires. Mais grâce à l’utilisation de son masque, il parvenait à canaliser l’énergie du feu transporté par la brise quadramentale. Ainsi, elle cherche à développer sa maitrise élémentaire et pour cet entrainement final elle emmène Kiora et Pan dans une fosse située sous terre. Celle-ci imitait les conditions des landes volcaniques de Brakmar, des scarafeuilles très résistant au feu y pullulent, en grand nombre.

- Vous plaisantez ? Vous voulez terminer notre entrainement avec de simples insectes ?

- C’est vrai. Les scarafeuilles ne sont pas une espèce très agressive.

Elle s’approche du bord.

- En revanche…

Elle pointe du doigt un immense scarador endormit au fond de la fosse.

- Comme tous les essaims, ils le deviennent quand leur reine est menacée.

D’une impulsion des deux bras elle pousse les bleus dans la fosse. Les scarafeuilles s’agitent aussitôt et se placent autour de leur reine pour la protéger. Le scarador profite de ce rempart pour lancer des attaques à distance. Les deux amis se mettent alors à l’action, esquivant du mieux qu’ils peuvent les assauts qui pleuvent, se frayant un chemin à travers les insectes géants.

Ils doivent penser que s’ils tuent le scarador en premier leur instincts de protection les rendront moins agressifs… c’est pour ça qu’ils se dirigent vers la reine. Encore faut-il qu’ils arrivent à l’atteindre.

Pan met son masque. Le flux de puissance l’assaille, envahit son corps et le grise. Des rires incontrôlés font convulsionner sa poitrine. Il se jette sur les scarafeuille se trouvant devant lui. Il ne prend pas le temps de viser le coeur de ses cibles. Il se dit que s’il tape assez fort, peu importe où le coup touchera, celui-ci suffira à les mettre à terre. Il ne le sait pas encore, car il se rassure en constatant qu’il est toujours conscient, mais le masque rouge commence tout juste à étendre son emprise.

Thalia observe le massacre sourire aux lèvres. Les deux novices se débrouillent plutôt bien, la chaleur assommante qui règne plus bas les assiège mais ils tiennent le coup. L’artefact zobal est si puissant qu’elle pouvait déjà voir le rayonnement des flammes s’accumuler autour du masque. Cette arme n’amplifie pas seulement l’agressivité de son propriétaire à son paroxysme, il absorbe une fraction de la brise quadramentale environnante, la distille… offrant alors la possibilité de maitriser le souffle d’Ignemikhal, le dragon primordiale du feu.    

L’entrainement dans cette caricature d’enfer porte ses fruits. Elle commence à distinguer des braises virevolter autour des lames de rasoir qui forment les fouets fixés à l’intérieur des cornes amovibles du masque. Elle le voit se jeter dans la mêlée pour atteindre le scarador. Elle entend un hurlement terrible… à moins que ce soit un rire. Il utilise ses cornes pour fouetter avec violence toutes les cibles à sa portée, plus il les lacèrent plus ses fouets se recouvrent de flamme.

Il se laisse tenter par la colère, tel un diable géant qui vous tord les entrailles pour en récolter la quintessence brune, une rage plus maléfique encore que celle des plus atroces démons. La folle furie qui l’accable finit par avoir raison de lui. Son esprit est passé en arrière plan, il a l’impression d’être resté maître de son corps pourtant il n’est plus rien que la marionnette du masque. Face au scarador, sa main se porte sur sa corne droite. Il l’empoigne et mu d’une force furieuse, transperce la carapace de l’insecte reine. Il retire la corne recouverte de la substance vitale de la bête, pour la replacer sur son masque.

Il n’en a pas assez… pourtant tous les scarafeuilles ont déjà péri. Il cherche dans son champ de vision une cible, quelque chose. Il n’a pas à attendre longtemps, sa proie est toute trouvée. Son torse tremble à nouveau du rire qui le fait convulser.

Kiora se défait des cadavres qui la gêne, elle ne le sent pas arriver. Il la projette au sol, se met à califourchon sur son ventre, il ne dit rien, ne prononce aucun mot, ne fait rien d’autre que rire. La pointe de la corne rouge plaquée contre sa gorge, elle est figée de stupeur.

- Pan ! Qu’est ce…

Elle essaie de se débattre, mais la pointe s’enfonce dans sa peau, fait perler une goutte de sang.

- Arrête !

Ses deux mains contre le bras armé, elle emploie toutes ses forces pour le repousser alors qu’il continue de rire. Thalia arrive à temps, elle a plongé dans la fosse et d’un coup de pied précis, arrache le masque.

Son esprit lui revient, ses yeux ne lui montrant que le visage terrifié de sa meilleure amie. Un hurlement intérieur l’assomme. Il porte ses mains à sa tête pour se boucher les oreilles mais il ne parvient pas à faire taire le cri, son intensité le fait tomber dans l’obscurité.

Thalia demanda à ses recrues de ne pas parler de ce qui s’était passé dans la fosse. Si l’Ordre finissait par l’apprendre il reviendrait sans aucun doute sur leur décision et exigerait l’exécution de Pan. Il ne se réveilla que plusieurs jours après sa perte de conscience. Les souvenirs qu’il gardait de cet évènement étaient bien trop flous pour qu’il puisse se rappeler. Il ne comprit donc pas pourquoi Kiora décida de quitter le groupe pour retourner au village. Il se souvenait seulement qu’à présent le masque lui offrait une certaine maîtrise du feu.

Peu de temps après qu’il eut recouvré ses forces suite à ce fameux entrainement, Thalia devint méfiante quant à l’utilisation du masque. Il serait regrettable de se passer d’une telle force de frappe mais elle ne pouvait ignorer la perspective qu’il se retourne à nouveau contre le groupe, comme il était prêt à trancher la gorge de sa meilleure amie dans la fosse. Toutefois, ils avaient perdu suffisamment de temps et ne pouvaient reculer le départ de la mission davantage. Ils partirent alors en direction de la région dont les dernières informations relataient la présence anormale de stasis.

S’ils avaient utilisé des dragodindes pour une grande partie du voyage, quand ils arrivèrent dans un bois extrêmement escarpé ils n’eurent d’autre choix que de continuer à pied.


Cette forêt lui rappelle curieusement celle qui dissimulait depuis toujours son village, le bois qui les protégeaient des menaces extérieures et qui depuis tout ce temps avait préservé la vie paisible s’y écoulant. Jusqu’au jour où Thalia et son escouade l’avait débusqué. Elle sort le parchemin relatant les détails de la mission, regarde la carte.

- Nous approchons, restez sur vos gardes, les créatures pourraient se montrer plus agressives qu’à l’accoutumé à cause de l'excès de stasis.

Le groupe acquiesce et aussitôt, leur méfiance alourdit l’atmosphère. La tension est palpable. La capitaine s’avance, observe les alentours.

- Nous allons nous séparer en deux groupes pour chercher plus efficacement.

Vous savez que c’est toujours dans ces moments que les pires choses surviennent, ils ne dérogeront pas à la règle.

Thalia a gardé Pan à ses côtés, elle doit rester prudente tant que l’utilisation de son masque induira de tels effets secondaires. Ils sont entrain de courir à travers les arbres pour examiner la zone le plus rapidement possible. Elle a conscience que le groupe doit rester séparé le moins longtemps possible. Mais c’est déjà trop tard. Un cri transperce le silence. Elle reconnait aussitôt la voix Robi. Pan fait volte-face, s’apprête à courir pour le rejoindre mais Thalia le retient en attrapant son épaule.

- Qu’est ce que tu fais ?! Il faut l’aider !

Elle lui donne un coup de poing dans le ventre. Le choc lui coupe le souffle, le fait s’agenouiller au sol. Il crache une bile amère mêlée à quelques goutes de sang.

- Tu tutoies ta supérieure maintenant ?

Elle soupire.

- Nous ne savons pas ce qui se passe, partir la bas sans réfléchir risque d’empirer les choses.

Elle lève la tête pour jauger la taille des arbres, des branchages.

- Nous allons nous déplacer en hauteur, pour les rejoindre en restant hors d’atteinte.

Le groupe grimpe dans les cimes, commence à sauter de branche en branche. Pan n’a pas été suffisamment entrainé à ce genre de déplacement et très vite il se retrouve à la traîne jusqu’à ce qu’il finisse par perdre les autres de vue. Un autre cri… la poussée d’adrénaline le fait accélérer. Malgré l’affûtage de ses réflexes, sa rapidité lui fait manquer une branche et il s’écroule au sol. L’adrénaline le fait surmonter la douleur de ses muscles mâchés.

Il se redresse, Tankred arrive vers lui en courant.

- Barre-toi ! Il arrive !

Il essaie de courir aussi vite qu’il peut malgré le tremblement de ses jambes qu’il n’arrive pas à faire arrêter. Le choc de la chute n’a pas eut le temps de s’estomper.

- Qui ça « il » ? Qu’est ce qu’on fuit comme ça ?!

Les paroles de Tankred sont saccadées par sa respiration haletante.

- On pensait que vous aviez trouvé ce pourquoi on était venu. Que vous aviez envoyé quelqu’un pour venir nous chercher… mais c’était un type camouflé dans un de nos uniformes.

Pan chancelle.

- Quoi… un imposteur ?

Tankred hoche la tête tout en continuant à courir.

- Une énorme capuche cachait la totalité de sa tête mais il est habillé exactement comme nous. Le même uniforme blanc… je ne sais pas ce qu’il nous veut mais… il a tué Robi.

Pan s’arrête immédiatement.

- La capitaine, les autres… ?

- Ils sont entrain de l’affronter ! La capitaine m’a ordonné de partir en arrière pour te récupérer et te sortir de là.—Il empoigne son col pour le forcer à courir—Tu es notre seul espoir d’empêcher ton père de nuire, on ne peut pas se permettre qu’il t’arrive quelque chose. J’ai pour mission de te mettre en sûreté.

Il se débat pour sortir de son emprise.

- Non ! On ne peut pas les laisser comme ça et partir comme des lâches !

Comme un rocher qui tombe du ciel, provenant des cimes, l’imposteur chute avec puissance le genoux et le poing à terre. Concordant la description de Tankred, il porte leur uniforme, celui des légats de l’Ordre. Il s’avance vers eux. Sous la tenue blanche, un vêtement noir profond semblable à une seconde peau arbore d’étranges symboles rouges.

- Sale enfoiré ! me dis pas que tu t’en es sorti sans une égratignure ?!

Il se dresse devant Pan.

- Dégage ! Barre-toi de cette forêt et vite !

Il reste immobile, figé par l’incompréhension.


  « Je ne vous laisserai pas faire… »


La voix de l’imposteur est métallique, semblable à celle des robots steamers qui avaient quitté les profondeurs pour envahir le monde des Douze. Coquille de métal recelant l’âme de ces hommes qui préférèrent abandonner leur corps pour profiter d’une quasi-immortalité.

Il retire sa capuche… faisant apparaître un casque uniforme et incroyablement sombre. La visière était sans doute fait d’un minerai semblable au carbone obscur. Taillé suffisamment fin pour voir à travers mais toujours aussi noir conservant l’anonymat du porteur du casque.

- Bordel, barre-toi ! Respecte les derniers ordres de ta capitaine !

Il tremble, proche des larmes, mais se ressaisit, obtempère. Il court aussi vite qu’il peut pour atteindre la sortie de la forêt. Le paysage défile dans son champ de vision. Dans sa course… sa fuite, il tombe sur les cadavres de ceux qui ont servit de leurre pour assurer sa survie. Enfin… adossée contre un arbre, le corps ensanglanté, la tête baissée, le bras droit arraché… Thalia, inerte. Il ne peut s’empêcher de la rejoindre, désobéissant encore une fois aux ordres.

- Capitaine !

Prit par ses réflexes, il forme un garrot au plus vite autour de ce qui reste de son bras pour arrêter l’hémorragie. Il ne vérifie même pas si elle respire encore, si son coeur bat.

- Vous allez vous en sortir !

Elle ouvre les yeux. Une voix très faible sort de sa bouche.

- Va-t-en… tu l’as dis, je vais m’en sortir…

Il sent que ses joues sont humides. Il n’a pas réussi à retenir ses larmes jusqu’au bout.

- Écoute… promet moi que tu trouveras ton père… que tu éradiqueras la menace.

Il hoche la tête.

- Quoi qu’il en coûte.



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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Chapit23

À chacun de ses pas il se dit ô combien il a été lâche. Quel idiot respecterait les ordres au prix de la vie de son commandeur ? À intervalle régulier il regarde par dessus son épaule, comme s’il espérait la trouver entrain de courir derrière lui; mais à chaque oeillade, il ne voit rien d’autre que les arbres, la forêt qu’il vient de fuir. Est-ce que le garrot suffira pour la sauver ? Il ne s’arrête pas, se répète les ordres inlassablement pour luter contre son envie dévorante qui lui hurle sans arrêt : Retourne-toi ! Va la chercher, va la sauver ! Bon sang mais c’était qui ce type ?! Qu’est ce qu’il nous voulait… pourquoi… Ses jambes s’amollissent tout à coup. La sensation d’un liquide froid s’insinuant dans ses veines, le glace de toute part. Il frisonne frénétiquement, ses dents se mettent à claquer et il s’écroule dans un parterre de fleurs rouges.


[ .            .            . ]


« Qu’est ce que tu fais là ? »


Tout est incroyablement sombre… il ne distingue même pas la silhouette qui se trouve face à lui.

- C’est quoi cet endroit ?!

Il entend un rire rauque.


« Tu le sais bien. »


L’ombre nébuleuse lui désigne l’épais bloc de marbre qui trône devant lui. C’est un plateau d’échec sculpté à même la roche, le jeu semble avoir déjà commencé. Les pièces de verre et d’obsidienne sont dispersées sur tout le support.  


« La partie ne peut pas continuer sans toi. »


- La partie…

Il s’approche du jeu avec hésitation, il ne se souvient pas avoir un jour participé à une telle chose et n’a aucune idée des règles. Pourtant s’il en croit son interlocuteur, les premiers coups ont déjà été joué. La main fébrile, il attrape une des pièces faisant aussitôt éclater le bruit éraillé du rire de son adversaire.


Le corps frissonnant par la sueur qui le recouvre, un sursaut le réveille et la panique le prend quand il constate qu’il se trouve dans un lieu inconnu. Il entend de l’eau bouillir et un feu de bois crépiter non loin de lui. Il essaie de se redresser mais retombe aussitôt. Dans l’entrebâillement de la porte il distingue la silhouette d’un homme torse nu recouvert de tatouages. Il rentre dans la pièce, un récipient en bois dans la main.

- Enfin réveillé ?

Il s’assoit au pied du lit, lui tend la boisson fumante.

- Bois ça, c’est brulant mais c’est ce qu’il faut pour enrayer l’infection.

Pan ne pose pas de question et boit. Le liquide lui embrase la gorge, il ne sait pas si c’est à cause de la chaleur ou du gout atroce de fer. Il tousse légèrement et arrive enfin à se redresser. L’inconnu apporte un long objet effilé au soleil, un éclair éblouit la pièce un infime instant, comme une lame rutilante sous la lumière. Il lui demande de lui tendre le bras. En s’exécutant il se rend compte que sa peau arbore plusieurs piqûres rouges le long de son avant-bras. En appuyant la pointe de la dague contre sa peau il fait perler une goutte de sang. Il retire son bras aussitôt.

- Par Sadida ! Ça fait mal !

L’homme sourit, il se retourne pour ranger la dague dans son fourreau.

- Tu devrais t’estimer heureux, ton corps s’est enfin débarrassé des neurotoxines. Ça fait plusieurs jours que j’essaie de te soigner. Je commençais à perdre espoir.

Un frisson de stupeur le submerge, il attrape son bras pour voir son visage à nouveau.

- Plusieurs jours tu dis ? Je peux pas rester là, je dois partir prévenir l’Ordre que les autres…

Il le plaque contre le lit.

- T’es pas en état. Si tu veux je te laisse partir, mais je suis sûr que je vais encore devoir te ramasser.

Il grogne de frustration. Observe les alentours à la recherche de ses effets personnels.

- Où sont mes affaires ? Et puis t’es qui au juste ?

Comme pour répondre à sa question il dépose devant lui un sac qu’il suppose contenir tous ses objets.

- Abel, je vis à l’orée du bois. Je t’ai trouvé au milieu de roses démoniaques. Tu as de la chance qu’elles étaient endormies, je ne suis pas sûr que tu aurais survécu à leur poison si ce n’était pas le cas, vu le temps que tu y es resté.

Il fulmine à son propre égard… même fuir, il n’est pas capable de le faire correctement. Il repense à ce qui s’est produit dans la forêt.

- Il y avait un type avec un casque noir est-ce que tu l’as vu ? et… mon commandeur, une femme en uniforme blanc ?

- Non… dans ton sommeil tu n’as fais que crier à propos de ce gars casqué et de morts… je suis allé dans la forêt mais je n’ai rien trouvé. Aucun cadavre, rien.

Son corps se crispe. Si Abel avait été plus près, il l’aurait agrippé pour le regarder dans les yeux, le poing raidit prêt à frapper.

- Tu sous-entends que j’ai halluciné tout ça ? J’ai vu les corps, le sang !

Il s’éloigne de la chambre.

- Il faut que tu récupères. Je te prépare un autre breuvage pour toute à l’heure.

En l’observant un instant, il le voit dégainer sa dague à nouveau. Il la fait chauffer à blanc dans le brasier qui brûle au centre de la pièce. Après quelques secondes il ressort la lame des flammes et la porte à son bras droit. Un épais filet de sang coule dans un de ces ustensiles en bois similaire à celui qu’il lui avait donné. Le gout de fer lui revient. Son coeur fait un raté, il vomit.

- Putain, me dit pas que tu m’as fais avaler ton sang ?!

Il continue de s’affairer à sa préparation.

- Ça, de l’eau et quelques plantes.

Il crie, dégouté.

- Ça ?!  

- Le sang des sacrieurs possède des vertus curatives. T’es pas au courant ?

- Tu m’as pris pour une espèce de cannibale c’est ça ?

- L’important c’est que ton corps se débarrasse du poison.

S’il est sauf, c’est grâce à lui. Il ravale son dégout et tente de penser à autre chose. Il ramène son sac vers lui, posé sur ses vêtements le masque est toujours là. Lui renvoyant cet irrémédiable sourire.

- Ça te fait rire ?

Il l’enfonce au fond du sac puis retire le grimoire qui aurait du mener la mission de l’Ordre a bien. Thalia lui avait fait promettre d’aller jusqu’au bout et il devrait le faire seul. Le livre avait toujours su répondre à ses questions. S’il avait prétendu savoir où trouver son père c’était surtout qu’il présumait que le grimoire le lui dirait, mais depuis son départ du village, il n’avait pas encore tenté de faire parler les pages flétries du vieux bouquin. Dans le sac, il trouve aussi son matériel d’écriture. Il trempe la plume dans l’encrier. Peut être qu’il pourra me dire si Thalia a survécu… « …promet moi que tu trouveras ton père… que tu éradiqueras la menace. »

- Fait chier !

Il se sent perdu et ne sait plus vers quel chemin se diriger. Que dois-je faire… Il commence à écrire d’une main fébrile mais Abel le surprend, évidemment il lui demande ce qu’est ce livre et par réflexe Pan referme le grimoire pour le poser à côté du lit.

- Rien…

Abel dépose le nouveau breuvage non loin de lui, il lance un regard rapide vers le récipient en bois puis détourne aussitôt les yeux alors que des hauts-le-coeur lui reviennent. Son bienfaiteur lui dit de se reposer avant de quitter la pièce et il a beau lutter contre la fatigue, elle finit par le faire capituler. À plusieurs reprises le sacrieur revient le voir pour vérifier si la fièvre continue à se dissiper. Aussi bienveillant qu’il puisse être il n’est pas immunisé à la curiosité qui le titille depuis qu’il a vu Pan refermer ce bouquin si brusquement. Bien trop tenté, il succombe et commence à tourner les pages. Il découvre une succession de questions et de réponses écrites par la même main, comme si l’auteur se répondait à lui même. Il voudrait continuer la lecture mais on frappe à la porte.

Le sacrieur se retire de la chambre pour ouvrir et se retrouve face à un groupe de roublards. Réputés comme les plus grands voleurs du monde des douze ils n’étaient pas aussi discrets que leur condisciples sram, leur tenues vestimentaires criant à cent lieux à la ronde leur appartenance au clan des bandits.

- Bonsoir, j’espère qu’on ne vous dérange pas en cette heure si tardive.

Abel crache aux pieds de l’homme en noir.

- Vous perdez votre temps, il n’y a rien de précieux à voler ici.

Le brigand ne réagit pas à la provocation, il force le passage en jouant des coudes pour entrer dans la demeure.

- Vraiment ? ce n’est pas ce qu’on dit…

Ses acolytes ricanent pour appuyer ses dires.

- Pas vrai Véra ?

- Oui.. on a entendu dire que tu avais ramassé un pauvre infirme y'a pas si longtemps.

Il referme la porte derrière les deux intrus, enfermant les autres dehors.

- Et alors ? vous vous intéressez aux souffrants maintenant ?

Celui qui semble être le boss s’esclaffe.

- Pas du tout ! mais il semblerait que le tiens possède un objet particulièrement intéressant.

La roublarde qui l’accompagne parait étrangement excitée tout à coup.

- Un masque zobal ! un vrai !

- Écoute ce ne sera pas long, on prend juste le masque et on te laisse tranquille. Ça te va ?

Abel contracte son bras, les tatouages qui le recouvrent commencent à se mouvoir et à se détacher de sa peau. L’encre noire devient un lasso extensible, une étreinte indéfectible. Il enserre la gorge de la roublarde, sa bouche, coupe sa respiration.

- C’est un non. Je te conseille, à toi et ta bande, de déguerpir si tu souhaites que ta copine retrouve la sensation de l’air dans ses poumons.

Il ricane à nouveau.

- Tu crois qu’elle a ne serait-ce qu’une once d’importance à mes yeux ? Le bien du clan passe avant tout.

Il bondit pour lui asséner un terrible coup de poing dans le ventre, remontant vers le plexus. Il étouffe, le fouet d’encre se dissipe pour revenir sur son bras. La proie libérée tousse, halète.

- Dis moi que t’étais pas sérieux à l’instant ?

Le boss s’approche de la porte pour ouvrir à ses acolytes.

- On en parlera plus tard. Allez les gars ! Prenez tout ce qu’il y a la moindre valeur, le reste saccagez-le ! Je me charge du masque.

Le bruit d’éclatements, de cassures, de verres brisés, sort Pan de sa torpeur. Il comprend très vite que la maison est entrain de se faire piller. Il dégaine machinalement le masque rouge qu’il avait enfouit au fond du sac et le porte aussitôt. La fatigue, la léthargie provoquées par le poison se dissipent. Il faut croire que le toucher du bois laqué sur sa peau semble être un meilleur remède que le sang d’Abel. Il saute hors du lit et se jette dans la pièce où résonne le vacarme.

- Et voilà que c’est lui qui vient à nous !

Elle glousse.


« On va en faire qu’une bouchée »


Réflexe. Ses mains se portent aux cornes rayées de rouge et de blanc. Dégainant ses fouets en lames de rasoir il n’a même pas besoin de se concentrer pour les faire s’enflammer. Le bruit du métal qui racle le bois résonne alors qu’il s’avance vers les roublards.

- Il n’a pas l’air si grabataire que ça finalement !

D’une main, il sort un imposant pistolet tandis que de l’autre il tient fermement une dague à la lame effilée.

- Ramène toi saltimbanque de mes deux !

Le regard vers le sol, il bouge comme une marionnette désarticulée, ses membres oscillent de manière aléatoire tel un pantin qui pourrait tomber au moindre instant. Puis il relève la tête d’un mouvement brusque. Dans son regard ardent on reconnait la lueur du prédateur. Il se jette d’abord sur le bras supportant le fusil. Quand il arrive au niveau du roublard il fait enrouler ses fouets autour de sa main droite, il continue d’avancer ne s’arrêtant pas de courir. Les lames s’enfoncent dans la peau et d’une gestuelle brutale il tire les cornes de toutes ses forces, ramenant les fouets à lui d’une vitesse fulgurante. Le bruit de la chair qui se déchire accompagne une giclée de sang qui entache le mur. Il hurle.

- Bordel ! SALE BATARD ! JE … La douleur est trop intense, il perd connaissance.

Ses mains ensanglantées tremblent, il les regarde un instant et ne peut s’empêcher de rire. Il porte deux doigts recouverts du liquide rouge à ses lèvres, les lèche avec délectation. Il remet ses cornes sur son masque, ramasse le bras arraché pour le porter comme une arme. La furie le regagne. Il se dirige cette fois vers les complices de l’homme en noir. Il frappe leur crâne avec le haut du bras, le tenant fermement par le poignée tel une massue. Il dégaine ses cornes une dernière fois pour trancher la gorge de ses proies. Son rire perdure sans interruption, il s’agenouille pour enfoncer ses doigts dans les plaies des victimes. Chaque goute de sang, chaque morceau de chair qu’il avale le galvanisent. Il se sent vivifié, plus fort.

Abel a eut le temps de récupérer son souffle, de reprendre ses esprits. Le rire terrible qui résonne l’interpelle. Il tombe nez à nez avec Pan le visage sanguinolent, son masque est à ses pieds mais il semble toujours empreint de sa fureur. Le sacrieur se jette sur lui pour le calmer; il le serre contre lui, emprisonne ses bras.

- Ils sont morts, c’est finit ! Arrête !


[ .            .            . ]


Heureusement, Pan finit par lâcher prise. Bien que tout ce temps offert au masque pour implanter son propre poison dans son corps parut interminable, libéré de son emprise, la fatigue revint plus forte que jamais. La nuit même qui suivit la bataille, la fièvre dont Abel pensait s’être débarrassée récidiva. Ils ne savent pas que cette fièvre résulte de la trop grande utilisation du masque rouge. Pan ne peut s’empêcher de croire que c’est le poison qui le regagne.

Seul dans la chambre il se souvient du moment où il s’est réveillé, d’Abel plantant sa lame dans son bras pour vérifier la persistance des neurotoxines. Il a le sentiment que celles-ci subsistent, est-ce la peur de l’empoisonnement ? les restes de la furie du masque rouge ?... Il sort du lit, empoigne les cornes du masque resté dans son sac et commence à se taillader les bras. Indolore. Il rapproche les lames de son visage, ses yeux se ferment, il sourit. Balafres, entailles, sa peau est très vite recouverte d’incisions. Le sang coule le long de sa gorge.  Il commence enfin à souffrir, la douleur lui donne une sensation de délivrance. Le poison n’aura pas raison de lui. Son ricanement a encore attirer l’attention d’Abel. Il déboule dans la chambre, lui retire la lame des mains.




Dernière édition par Pantaleimon le Jeu 2 Juil 2015 - 19:24, édité 14 fois
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Plusieurs jours sont nécessaires à la cicatrisation de son visage. S’il n’ose pas observer l’état dans lequel il l’a laissé et qu’il évite de croiser son reflet sur un miroir ou la surface de l’eau, il suffit que ses mains touchent sa peau pour se rendre compte qu’il n’est plus le même, balafré de toute part. Il soulage la sensation de tiraillement en faisant couler de l’eau glacé sur son visage. Ses doigts s'attardent sur son oeil droit... ou ce qu'il en reste, une taillade sur les paupières et la prunelle blanche dépourvue de toute vision. Au moins je n’ai plus à ingurgiter le sang d’Abel… le poison complètement dissipé, le sacrieur ne lui préparait plus sa fameuse concoction au gout de fer. En revanche, sans que Pan ne sache pourquoi, il l’avait surpris entrain de s’adonner à la sculpture sur une importante pièce de bois de charme d’une couleur remarquablement blanche. Sans doute est-ce la honte d’arborer un visage mutilé devant lui qui freine sa curiosité, il n’ose pas le rejoindre pour lui demander le but de son ouvrage. Il préfère rester cloitrer dans la chambre à soulager ses blessures.

Abel, de son côté, tente de se distraire l’esprit en travaillant le bois pour ne plus penser à ce qu’il avait pu lire dans l’étrange bouquin du zobal le jour du pillage. Il avait même finit par se demander s’il n’avait pas inventé ce qu’il avait vu. Malgré tout, il ne pouvait pas se mentir, depuis qu’il avait assisté à la crise de démence de Pan il fallait bien qu’il admette que son protégé n’était pas tout à fait sain d’esprit.

Chaque fois qu’il arrache des lamelles de bois avec son couteau, l’image du masque rouge se projette à lui. Son travail commence à prendre forme et déjà un tas non négligeable de copeaux se trouve à ses pieds. Plusieurs fois, la lame a dévié de sa trajectoire, sur les parties trop lisses, se fichant dans ses doigts. On peut alors constater à différents endroits le sang qui s’est insinué dans les veines du bois. Il n’avait pu ignorer le malaise qui s’était instauré depuis la nuit du pillage. La répulsion que Pan éprouve rien qu’à l’idée de tomber sur son reflet. Alors, s’inspirant du masque rouge, il avait décidé de lui en sculpter un lui même, plus clair… le temps qu’il accepte son nouveau visage.

Le travail lui demanda plus de temps que prévu, mais il finit par terminer le masque. Ce jour là, Pan empaquette ses affaires, décidé de ne plus importuner son hôte. Il quitte le seuil de sa chambre, le corps tremblant sous le poids de l’effort mentale à tenter d’effacer la pensée narcissique qui le fait s’inquiéter pour son visage. Avant d’annoncer son départ — bien que celui-ci fusse évident, larguant son paquetage au pied de la porte alors qu’il entre dans la pièce — il veut lui demander ce qu’il fait ici, pourquoi s’était-il installé là, éloigné de tout.

- J’attends mon frère.

Il montre le médaillon qu’il porte au cou.

- Je lui ai promis de le lui rendre, et il m’a juré qu’il viendrait le récupérer.

Le zobal se gratte l’arrière de la tête.

- Je ne suis pas sûr de comprendre.

- Nous étions deux renégats, des fuyards, mais nous étions ensemble. Jusqu’au jour où il est arrivé avec le plus grand sourire que je ne l’ai vu porter. « Fais-moi confiance, c’est le paradis » … Je le revois encore avec ses grands yeux verts, je me souviens tout ce qu’il m’a dit, les mots exacts. « C’est un endroit fait pour les gens comme nous ! Où les affamés viennent se nourrir, où les assoiffés viennent boire. Un endroit où les inassouvis trouvent enfin la satisfaction. » Il était exalté, je ne l’avais jamais vu dans un tel état. Il m’a sorti une carte improbable qui devait dater bien avant le chaos d’Ogrest, impossible de s’y repérer convenablement. De l’index il a appuyé sur un point parmi tant d’autres en criant « C’EST ICI ! ». Je n’ai rien pu faire pour le ramener sur terre. « On ne peut pas refuser une telle invitation ! Il faut juste garder l’esprit ouvert, recevoir à bras ouvert ce qu’on nous offre… et même si ça fait mal, tu sais quoi… c’est probablement que ça vaut le coup ! » Il était décidé à partir tout de suite. Je ne voulais pas y croire alors je l’ai laissé partir en pensant qu’il reviendrait le lendemain dépité de n’avoir rien trouvé. Il ne m’en a pas voulu. Il a ouvert la porte avec le sourire, ses affaires sur le dos. « Quand je l’aurai trouvé, je reviendrai te chercher et on ira ensemble. »

Il soupire.

- Les semaines ont passé et il n’est jamais revenu.  J’ai appris que cette forêt était le dernier endroit où on l’avait vu, j’ai construit cette cabane et tous les jours je vais dans les bois à la recherche d’indices mais je ne trouve rien.

Pan imagine aussitôt la réaction d’Abel quand il avait aperçut son corps inerte au loin, ne pouvant s’empêcher de penser qu’il l’avait sans doute prit pour son frère ne serait-ce même qu’un infime instant.

- Je suis vraiment… désolé.

Ses yeux mouillés se posent un rapidement sur les affaires de Pan.

- Avant que tu ne partes… j’ai quelque chose pour toi.

Il lui tend le masque fraichement sculpté.

- Mais finalement, peut être que tu n’en auras pas besoin. Je vois que tu te débrouilles très bien sans moi.

Il lance un dernier clin d’oeil en guise de réponse à son remerciement avant de l’accompagner à la porte.

- Qu’est ce que tu vas faire maintenant ? partir à la recherche du type casqué ?

- Je ne sais pas encore… peut être bien.

Lorsque la maison de celui qui avait pansé ses blessures est suffisamment loin à l’horizon il sort le masque qu’il lui avait offert. Quand il le pose sur son visage, les tremblements cessent. Non, je ne me débrouille pas aussi bien que tu le crois… Il soupire longuement, son corps appréciant cette absence de tension. Tout devient plus facile, il n’a plus à porter toute sa concentration sur l’image affreuse qu’il arbore. Et ce masque là ne devrait pas me rendre fou hahaaha… Il rit, jette un regard au masque rouge saillant dans l’entre-ouverture de son sac.

La forêt, où l’escouade de Thalia s’était faite démantelée d’un revers de main, se dresse devant lui. Impériale et moqueuse; le rouge des feuilles, réminiscence du sang qui a coulé. Il se remet à son guide, le berger qui l’avait mené sur les chemins, les bons pensait-il toujours. L’épais grimoire, aux pages vierges à ses yeux, recouvertes d’encre aux yeux d’Abel, est toujours prêt à lui donner les réponses.

- Avant autre chose, je dois tenir la promesse que j’ai faite à Thalia.

Il commence à noircir une page, poser sa question. Comment trouver mon père ? Et comme toujours, l’encre se dissipe, avalée par le livre. Cette fois la réplique se fait attendre. Après quelques minutes le zobal perd patience, frappe la terre du poing.

- Qu’est ce que tu fous ?! Tu réponds oui !

Le papier recrache le fluide noir sous forme de tâches difformes. Elles se déplacent, se mettent à former des lettres, des mots.

Si c’est ton père que tu veux trouver, part à la rencontre de ses anciens compagnons. Rassemble les blasons du clan que ton père a formé autrefois. Ces médaillons te mèneront à la prison où réside ce que tu cherches.


C’est tout ce dont il avait besoin pour entamer sa recherche, le grimoire le menant à chaque possesseur de blason, un par un. Il tomba donc sur de nombreux individus différents. Beaucoup se moquaient bien de conserver cette pièce de métal et ne se firent pas prier pour la donner à Pan, d’autres encore s’en étaient déjà débarrassé longtemps auparavant. Certains, descendants des frères d’armes de son père, tenaient à cet objet comme à la prunelle de leurs yeux; souvent seul souvenir de leur parents décédés. Aussi avait-il du faire preuve de moyen détourner pour récupérer ses convoitises et à force de larcin il ne se rendit pas compte que la violence lui était devenue banale.

La fin justifiant les moyens, il finit par ne plus perdre son temps à discuter avec les propriétaires des blasons. Dès qu’il mettait la main sur eux, il s’empressait de le leur arracher de grès ou de force. Bien qu’il avait conscience des répercussions que le masque rouge avait sur lui, son entreprise le lui faisait utiliser à une fréquence qu'il n’avait jamais atteint précédemment. Les absences elles aussi se multipliaient, peut être ne s’en rendait-il pas compte pourtant force lui était de constater que le nombre de blason en sa possession augmentait sans qu’il ne sache parfois comment ni pourquoi. Enfin, il ne put l’ignorer davantage lorsqu’un matin, abrité sous les feuillages d’un arbre du fourré de Tonkult, il se réveilla les mains et ses armes en sang.

Sa réaction fut immédiate et aussitôt il ouvrit le grimoire espérant que celui-ci lui révèle ses méfaits. Il apprit alors qu’il avait tué quelqu’un, mort au nom du blason qu’il désirait. Aussi la nation de Bonta se mit à entendre parlé de ce zobal vengeur capable du pire. Très vite sa tête fut mise à prix, rongé par la culpabilité et la peur de se faire prendre il n’osait plus s’approcher des zones habitées ou même de continuer sa recherche de blason, inquiet de blesser à nouveau quelqu’un, ou pire encore. Donc il se remit au grimoire, lui demandant s’il n’avait pas assez de blason à présent.


La plume tremblante, ses mots ne sont pas facilement déchiffrables et à plusieurs reprises sa gestuelle maladroite entache certaines parties de sa phrase.

- Merde !

Il renifle, essuie la sueur qui perle sur son front avec le revers de sa main pleine d’encre. Il arrache la page sur laquelle il vient d’écrire. Recommence.


 « Haaahahahaa »


Le rire provient de l’ombre qui se tient juste devant lui. Il se redresse, lâchant sa plume. La paume droite posée sur le masque cornue.

- Qu’est ce que tu veux ?

Il s’avance, faisant luire le dessus de son casque alors qu’il pénètre dans une percée de lumière.


 « Je pensais que tu n’aurais pas besoin de moi… mais j’ai bien l’impression que tu te laisses aller. »


- Bordel mais c’est toi ?! La salopard qui a tué tout le monde !

Il rit encore.


 « C’est dans cet état que j’aime te voir ! Écoute, faut pas que tu m’en veuilles pour l’autre fois. J’étais bien obligé, ils allaient nous mettre des bâtons dans les roues un moment ou un autre. »


Son oeil crevé le fait souffrir soudainement, comme si la présence de l'autre réveillait en lui les fantômes de ses blessures.

- Putain arrête de déblatérer tes conneries !


 « Non, non… on veut la même chose tous les deux. Trouver ton pôpaaa. Peut être pas pour les mêmes raisons je te l’accorde, mais tout de même, dans le fond on est dans le même bateau. »


Sa main se crispe sur le bois du masque, ses doigts enserrent les cornes, prêt à enfiler les pouvoirs du démon cornu.


 « On pourrait très bien partir maintenant, mais plus on aura de blason mieux ce sera. Je pense qu’il n’en reste plus beaucoup à trainer dans la nature. Alors plus vite tu récupères les derniers, plus vite tu vois ton père. Je sais que ça t’as fais quelque chose de devoir égorger deux ou trois pèlerins par ci, par là… mais ce ne sont que des dommages collatéraux tout ça. »


- Dommages… ?! on parle de la vie de personnes là ! Je ne sais pas qui tu es, mais tu es une sale raclure, pire que n’importe quel monstre que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent.


 « Oh tu sais, quand tu as vécu dans le monde désolé de la Shukrute, les ténèbres prennent des allures de doux draps de satin noir dans lequel on a qu’une seule envie, s’y blottir. »


- Peu importe ce que tu me racontes, je ne laisserai pas quelqu’un comme toi continuer à faire autant de mal autour de lui ! Rien que pour Thalia et les autres !

Il se jette sur lui, une des cornes de son masque comme poignard. L’ennemi reste immobile, se laisse plaquer contre le sol avec fracas… mais il ne s’arrête pas de rire. L’esprit baigné dans la furie, tout n’est plus que réflexe. Sa main gauche s’insère à la base de son casque, la pointe de la corne aiguisée pressée contre sa gorge. Le geste vif, il arrache le casque. L’espace d’un instant il ne voit rien d’autre qu’une chevelure de flamme, aussi rouge que la sienne, puis, l’ennemi lui renvoie son propre visage. S’il ne portait le masque que lui avait confectionné Abel il aurait juré observer ses traits devant un miroir. L’ennemi lui lance un dernier sourire carnassier alors qu’il est prit d’une frénésie de rire qu’il ne saurait arrêté. Alors, devenant une terrible habitude, il sombre dans l’océan noire; enveloppé par les ténèbres de la pâmoison.




Dernière édition par Pantaleimon le Jeu 2 Juil 2015 - 19:31, édité 9 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 16 Avr 2013 - 15:54


[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Chapit11



[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Justic10

Le juge se racle la gorge tout en desserrant le col qui étrangle son cou adipeux. Lorsque l’on prononçait des mots d’une telle importance, il était nécessaire de chauffer sa voix autant que le chanteur qui préparait son outil avec des vocalises.

- Pan Sylveronce, vous avez reconnu tous les faits qui vous sont reprochés. En tant que représentant de la justice qui délivre la sentence j’aimerai vous laisser une dernière occasion de vous exprimer.

Il reste silencieux, la tête baissée. Tous les yeux du tribunal sont posés sur lui. La soif de justice a laissé place à une hypocrisie ambiante où le procès n’est devenu rien d’autre que la scène d’une pièce de théâtre dont les spectateurs ne souhaitent qu’une chose, en connaître le dénouement. Ils ne sauraient se faire attendre, alors le juge étend son bras bouffi et tremblant, le marteau de la justice entre ses mains. Le geste implacable, frappant le marteau contre le socle de bois, est aussitôt interrompu. Dans un coin du fond de la grande salle, un immense phorzeker à la fourrure blanche et une mystérieuse ombre féminine sont adossés contre le mur. Se détachant de la paroi, l’énutrof avance. À mesure qu’elle s’approche du juge elle fait grincer ses griffes le long du mur en pierre.

- Excusez-moi votre honneur, avant d’entendre votre indiscutable décision, j’ai une proposition à vous faire.

On pouvait sentir le vent de frisson qui parcourait tous les membres du tribunal en voyant le phorzerker avancer. Il était rare de voir un énutrof sous cette forme en dehors des moments de bataille. Le règlement stipulant bien que le public n’avait pas le droit de venir armé, personne ne peut nier que les griffes et les crocs d’un phorzerker étaient bien plus efficaces que n’importe quelle lame et pourtant… techniquement, elle n’enfreint pas la règle. Une goutte de sueur perle sur le front du juge, il desserre son col mouillé.

- Heum… madame je veux bien vous entendre, mais pourriez-vous prendre une forme plus convenable à la discussion ?

Elle pose le regard sur ses griffes.

- Oh ! Je suis vraiment désolée, je ne m’étais pas rendue compte. À vrai dire, je reviens tout juste d’une chasse aux tofus et malheureusement je n’arrive pas à reprendre forme humaine par ma seule volonté, il me faut être très fatiguée, vous comprenez. Mais si vous insistez, c’est avec plaisir que je vous invite à venir m’épuiser.

Les gardes s’apprêtent à pointer leurs armes en sa direction, mais elle reprend la parole immédiatement.

- Oh… loin de moi l’idée de faire outrage… Mes plates excuses.

Elle imite un geste de révérence.

- Mais, écoutez-moi. Il me semble évident que le pauvre garçon n’a pas toute sa tête. Il suffit de le regarder pour le constater et je dois vous avouer que je suis docteur et directrice d’un asile situé à Sufokia. Je pense que sa place se trouve la bas, sous haute sécurité bien sûr. Moi, Guenievre, m’en chargerai personnellement.

Elle fait scintiller ses crocs d’or d’un large sourire, contrastant avec la blancheur immaculée de sa fourrure.

- Ce serait en effet une possibilité intéressante… mais qui paiera pour son internement ? Si vous croyez que les caisses de Bont—

- Je paierai !

Une grimace tord son sourire en pensant au kamas qu’elle devrait débourser.

- Je n’arrive pas vraiment à comprendre ce qui vous tient tant à coeur mais… soit.

Le marteau de la justice frappe le socle de bois.


F l a s h b a c k


Dans la moiteur de la caverne qu’il a choisi comme refuge, il repense au face à face qu’il a tenu avec cet individu des ombres. Celui qui portait le même visage que lui. Quand il avait reprit connaissance, il avait disparu, ne laissant derrière lui que l’angoisse empoisonné du mystère et des questions sans réponses. La garde bontarienne quant à elle ne s’était pas faite attendre. Accusé de meurtre et sa tête mise à prix, il aurait été aussitôt jeté dans les cachots de la capitale s’il n’était pas parvenu à fuir les hommes armurés.

Malgré son instinct hurlant de survie, il ne supporte plus cette idée d’avoir perdu la maîtrise de son corps. Combien de fois avait-il été hors de contrôle ? Combien de fois le serait-il encore… pour alléger sa culpabilité il n’a rien trouvé de mieux que de s’enchainer au fond d’une caverne. Viendrait alors le temps où il aura consommé toutes ses provisions et qu’il n’aurait plus d’autres choix que de se libérer ou de se laisser mourir. Il ne veut pas penser à ce moment là.

Le destin voyait les choses autrement, ou n’étaient-ce que les desseins d’une vieille énutrof ambitieuse… une créature recouverte de fourrure blanche pénètre dans la caverne. Des éclats éblouissent le zobal, rayons de lumière ricochant sur l’or de ses griffes alors qu’elle avance. Il protège ses yeux avec son bras.

- Qui êtes vous ?

Son sourire affiche des crocs dorés et pointus. Elle tend ses bras, lui montrant une affiche qu’elle tient maladroitement entre ses pattes. Dans le clair-obscur de la caverne il distingue vaguement le portait d’un masque zobal, ainsi qu’une somme importante de kamas. Il comprend très vite où le phorzerker veut en venir.

- Bon sang… même au fond de ce trou à rat on arrive à me trouver !

La créature s’assied en tailleur face à lui.

- Du calme mon mignon… je suis venue conclure un marché avec toi. Tu sais, tu es devenu célèbre… la gazette nationale t’as même trouvé un nom : « Le Zobal Bizarre » !

Elle sort de son sac une couverture qu’elle dépose sur ses épaules, puis dans une explosion de lumière, prend forme humaine. Camouflant sa nudité sous le drap sombre, l’énutrof aux cheveux blancs lui expose à nouveau sa mise à prix.

- J’ai besoin d’un type comme toi pour mes affaires, et en bonne disciple du dieu cupide, je ne dis jamais non à une bourse bien pleine.

Dit-elle en pointant de l’index la somme de kamas promise en bas du parchemin.

- Tu te laisses gentiment capturer… j’en profite pour récupérer mon due puis je t’emmène en lieu sûr loin de la garde et de tous ces gens qui veulent ta tête.

Elle ne s’arrête pas de sourire. Bien qu’elle avait abandonné crocs et griffes au profit d’une figure plu familière, l’éclat de son regard et de son inflexible allure ne pouvait appartenir qu’à ceux d’un prédateur.

- En échange, tu travailleras à mon service.

Pan fait mine d’ignorer le sourire carnassier qu’elle affiche malgré les frissons qui parcourent son échine à chaque fois que son interlocutrice prend la parole. Faisant rouler les R de chaque mot comme pour accentuer le caractère non négociable de ses propositions.

- Vous ne comprenez pas ! Si je n’étais pas aussi lâche que je le suis, si je n’avais pas peur de la mort, je les aurai laissé me couper la tête depuis longtemps ! Ce n’est pas moi qui ait commit tous ces crimes… c’est l’autre. Je ne le contrôle pas et je ne sais pas si je le pourrai un jour.

Elle rit, presque silencieusement.

- C’est justement pour ça que tu m’intéresses mon mignon ! J’ai besoin de toute cette violence qui a lad’dans !

Elle le tape sur la poitrine.

- Que tu la contrôles ou pas, je m’en moque… je me chargerai de te remettre à ta place s’il y a besoin.

Il repousse le bras de l’énutrof, lui tourne le dos.

- Je n’ai pas confiance… je ne veux plus faire de mal.

Derrière lui, il pouvait sentir comme un frisson de fureur envelopper la femme aux cheveux blancs.

- T’as pas compris… t’as pas le choix.

Une paire de griffes dorées lacère ses chaînes, les brise.  


F i n . d u . f l a s h b a c k


À la sortie du tribunal, marchant côte à côte avec celle dont il était devenu le nouveau jouet. Il regarde ses pieds, se frotte la tête.

- J’ai bien cru un instant que vous m’aviez fait faux-bond, la prime en poche… merci.

Elle sourit, fait mine d’ignorer sa remarque.

- Oh ne me remercie pas trop vite, une bonne partie de nos patients considèrent leur situation bien pire que la sentence qui t’attendait.

L’énutrof le regarde un instant, constatant le malaise du garçon alors qu’il ne peut plus camoufler son visage meurtri derrière un masque. Elle regarde derrière elle quelques secondes, puis un sourire s’affiche sur ses lèvres.

- La voilà.

Une ombre ténébreuse se coule entre eux deux. Rapidement elle s’élève du sol, prend forme d’une silhouette humaine. Une disciple de Sram vêtue de violet se dresse devant le zobal, son sac dans les mains.

- Toujours à l’heure très chère Kiss ! Notre nouvel ami te remercie, toi et tes talents d’espionne hors-pair, pour lui avoir récupérer ses biens.

Elle lui fait un clin d’oeil. Sans dire un mot la sram jette un regard discret vers les stigmates de Pan. Elle lâche le sac à ses pieds avant de reprendre la forme d’une ombre sinueuse.

- N’espère pas que cela devienne une habitude.

Le zobal se jette aussitôt sur son sac pour vêtir son masque. Il veut la remercier mais il l’a déjà perdue de vue.

- Ne t’inquiète pas, elle n’est jamais bien loin, prête à surgir au moment où l’on s’y attend le moins.

Elle lui assène un dernier clin d’oeil alors qu’ils plongent dans le portail zaap qui les mèneraient dans l’enceinte de son nouveau lieu de résidence…
Au loin, camouflé dans l’ombre d’un saule pleureur, un homme vêtue d’ombre et d’un casque tout aussi noir, guette les trois individus aspirés par le voile bleu.



.            .            .


Pendant ce temps au tribunal de Bonta, le juge étend un long parchemin, compte rendu du dernier procès. Tout en bas, il raye la mention de la sentence qu’il a écrit plus tôt : mort par pendaison. À la place il inscrit de sa plume légèrement tremblotante, les mots : « Internement dans l’asile Délirium’S ».




Dernière édition par Pantaleimon le Ven 24 Avr 2015 - 16:26, édité 6 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 28 Mai 2013 - 14:00
[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Illu_krosmoz-1-3d345b2Livre I | Livre II | Livre III[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Illu_krosmoz-3d3457a


[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 Epilog11

Ça y'est, ils me regardent avec leur mines déconfites.  Ils sont en colère et ne comprennent pas comment mon récit puisse être arrivé à son terme alors que le gamin aux masques n'a même pas terminé sa mission. Ils me taraudent de questions mais je leur dis qu’il est trop tard. Ils sont venus ici pour connaître le passé du zobal et s’il reste d’autres aventures à raconter il faudra attendre le moment venu pour les entendre.

Oui, c’est la patience qui leur font défaut. Ils ne sont pas encore prêts pour la suite. Le feu a consumé tout le bois et il ne reste maintenant plus qu’un tas de braises écarlates et rougeoyantes. Je leur demande de recouvrir le foyer et leur donne rendez-vous ici en un autre temps, ils ne savent pas encore quand mais je leur promet que comme pour la première fois, ils finiront par me trouver. Ils devront d’abord me chercher, s’aventurer là où règne le danger, et se perdre pour enfin venir à ma rencontre.

Ils recouvrent les restes du brasier, et alors que les dernières étincelles et un nuage de cendres s’élèvent dans les airs, ils se rendent compte que j’ai disparu.



Dernière édition par Pantaleimon le Ven 24 Avr 2015 - 16:29, édité 9 fois
Kissansilmat

Kissansilmat
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Allumenanti

[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyLun 8 Juil 2013 - 16:03
 Et la suite alors?? :p
on sent l'inspiration de Harry Potter en tout cas hihi mais c'est très bien écrit ^^
Pantaleimon

Pantaleimon
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Pantaleimon

[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyLun 8 Juil 2013 - 17:08
Merci Kiki ! :D

C'est vrai que j'ai peut être un peu abusé la référence à HP dans le dernier chapitre x)

La suite ne devrait plus trop tarder ;)
Poitirond

Poitirond
Mangeur de Shushu
Mangeur de Shushu


[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyLun 8 Juil 2013 - 19:09
Bah ouai on veut une suiiiiite !! :D
Pantaleimon

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Pantaleimon

[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 9 Juil 2013 - 16:35
Eh voilà ! ça sort du four ! x)

[MAJ] - Tome 1

Ajout du chapitre 5 : l'Antre des Dix Épées


Dernière édition par Pantaleimon le Mar 3 Déc 2013 - 12:18, édité 2 fois
Kissansilmat

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Allumenanti

[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 9 Juil 2013 - 16:53
Oouh le vilain Sorin! :p
Pantaleimon

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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 10 Nov 2013 - 0:53
[MAJ] - Tome 1

Ajout du chapitre 6 : Le Prix du Sang.



Dernière édition par Pantaleimon le Dim 19 Jan 2014 - 20:08, édité 2 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMer 13 Nov 2013 - 15:34
[MAJ] - Tome 1

Ajout du chapitre 7 et dernier : L'Héritage.


Dernière édition par Pantaleimon le Mer 11 Déc 2013 - 11:58, édité 2 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 3 Déc 2013 - 12:15
[MAJ] - Tome 2

Deux pour le prix d'un !

Ajout du chapitre 1 : Anémone et du chapitre 2 : Chiasme.
Pantaleimon

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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMer 11 Déc 2013 - 10:05
[MAJ] - Tome 2

Ajout du chapitre 3 : Errances initiatiques.
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptySam 28 Déc 2013 - 13:45
[MAJ] - Tome 2

Ajout du chapitre 4 : Spiritual Guidance.
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMer 8 Jan 2014 - 19:01
[MAJ] - Tome 2

Ajout du chapitre 5 : Exile.

/!\ ATTENTION un passage de ce chapitre peut ébranler les plus sensibles lecteurs.  [BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 466366225 
Ever-dream

Ever-dream
Chasseur de Wapin
Chasseur de Wapin


[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 19 Jan 2014 - 9:22
Vite la suite!! Moi qui aime pas lire, tu m'as captivé. J'ai tout lue en 2H mais j'en veux encore!


Dernière édition par Ever-dream le Dim 19 Jan 2014 - 21:23, édité 1 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 19 Jan 2014 - 19:25
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire Ever ;)

Le dernier chapitre ( Et OUI ! ) du tome 2 est bientôt terminé, il ne devrait pas trop tarder :)
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 26 Jan 2014 - 16:00
[MAJ] - Tome 2

Ajout du chapitre 6 et dernier : Renoncement.
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 9 Fév 2014 - 19:37
Ça y'est on arrive enfin au morceau que vous attendiez depuis le début. ;)

[MAJ] - Tome 3

Ajout du chapitre 1 : Sabbat Génétique.


Dernière édition par Pantaleimon le Ven 4 Juil 2014 - 20:59, édité 1 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyVen 28 Fév 2014 - 14:23
Après m'être fait surprendre par la longueur du chapitre 2, j'ai eu une longue hésitation à savoir si je le découpais en deux chapitres ou pas. Finalement j'ai décidé de conserver le nombre de chapitre que j'avais prévu mais celui-ci sera en deux parties. La 2ème partie ne devrait pas arriver dans longtemps ;)

[MAJ] - Tome 3

Ajout de la première partie du chapitre 2 : Légats.


Dernière édition par Pantaleimon le Ven 4 Juil 2014 - 20:59, édité 1 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyMar 4 Mar 2014 - 12:56
Et voilà la 2ème partie. [BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 1850634730
 [MAJ] - Tome 3

Ajout de la deuxième partie du chapitre 2 : Légats.


Dernière édition par Pantaleimon le Ven 4 Juil 2014 - 20:59, édité 1 fois
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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyJeu 20 Mar 2014 - 12:36


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[BG] Les Faiseurs de Chaos - Page 2 EmptyDim 13 Avr 2014 - 15:20
[MAJ] - Tome 3

Ajout du chapitre 4 : Poison.


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